Prémisse
Sophie Perry
25 mars au 23 avril 2022 Programmation tremplin
Inspirée d’une esthétique alliant le cabinet de curiosité et le laboratoire ultra-tech des œuvres cinématographiques de science-fiction, Prémisse présente une vision ironique des processus d’anthropomorphisation[1] des nouvelles technologies. En cette ère du numérique, l’exposition soulève une série d’enjeux éthiques procédant des fantasmes de la culture populaire concernant les promesses salvatrices d’un avenir meilleur assuré par l’évolution technologique. Dessins cybermédicaux, étranges organes androïdes sous cloches de verres et vidéos pseudodocumentaires se côtoient et nous transportent avec humour dans une mythologie cyberféministe. Tout est simulacre, rien ne porte sur les facultés réelles des machines, mais uniquement sur les fantasmes que l’on y projette.
Prémisse explore la constitution d’un imaginaire collectif relatif aux avancées scientifiques et cybernétiques, nous incitant à percevoir nos propres attitudes comportementales face aux machines de plus en plus avancées qui occupent nos espaces de vies. Les objets présentés par Perry révèlent avec ludisme notre propension à imprégner ces machines une forme d’intentionnalité, voire d’une agentivité qui fait écho à celle des humian.es. Pourquoi et comment en vient-on à développer de l’empathie ou de la compassion pour ces formes d’intelligence artificielle ?
Cette projection de valeurs anthropocentristes sur les machines soulève une série d’enjeux qui font écho à ceux vécus par les sociétés contemporaines. Par l’entremise de la vidéo Maïeutique artificielle, l’artiste aborde la thématique de la déconstruction du genre par la mise en scène d’un accouchement performé par un robot androgyne. En interagissant avec les codes QR, les visiteur.euses rencontrent Miss Byte Me qui performe le robotdrag tout en indiquant les gestes à poser pour activer les objets de l’exposition. L’utilisation du téléphone intelligent nécessaire à cette interaction souligne l’omniprésence des technologies mobiles dans nos vies. La machine qui émule l’humain est elle-même imitée. Cette ironique mise en abime soulève une question importante : comment croire que les avancées technologiques contiennent la promesse d’un avenir plus radieux alors qu’elles contribuent à perpétuer des formes d’inégalités sociales et politiques ?
[1] Processus par lequel on attribue des caractéristiques et des comportements humains à une chose ou un animal.
À la lisière entre arts visuels, numériques et performatifs, Sophie Perry articule son travail autour de la création de systèmes qui interrogent l’identité et les enjeux de pouvoir. Sa démarche pluridisciplinaire invite la sculpture, le dessin, l’électronique et l’installation dans l’exploration d’une mythologie des relations entre humains et nouvelles technologies. L’artiste récupère les représentations des techniques du numérique dans la culture populaire et les met en scène avec ludisme. L’humour est un levier important, qui lui permet non seulement d’embrasser et d’explorer des concepts perturbants ou révoltants, mais aussi de les détourner et de les transposer dans des espaces réflexifs bienveillants.
Une production d’Atoll | art actuel avec l’appui de la Ville de Victoriaville