©Yoanis Menge

Porter

Emmanuel Guy
Du 6 mai au 2 juillet 2022
Vernissage : 6 mai 2022 à 17h

Issue d’une démarche d’art infiltrant résolument ancré dans le rapport au lieu, l’exposition Porter questionne l’évolution des territoires et des gens qui y vivent, notamment à travers les processus de production et de transformation de la matière. Dans le cadre de résidences de création menant à la réalisation de l’exposition, Emmanuel Guy effectue une série de performances déambulatoires extérieures pendant lesquelles il va à la rencontre des gens, des paysages et des territoires victoriavillois. L’artiste fabrique ses propres dispositifs porteurs, inspirés d’anciens instruments conçus pour transporter des charges : joug et bacs, traîneau, brouette, boîte à sel en bandoulière et harnais de toutes sortes. C’est armé de ces sculptures portatives qu’il vagabonde dans l’espace public, transportant des objets qu’il a lui-même produits ou des matières – végétales, surtout, mais aussi minérales ou synthétiques – qu’il grappille au gré de ses errances.

Ces matières – révélatrices des particularités et de l’histoire du territoire duquel elles sont issues – Emmanuel Guy les porte dans les rues, les parcs et les commerces, avant de les apporter dans l’espace de la galerie afin d’en faire la présentation. Les traces de ses déambulations se déploient ainsi en une installation organisée autour de trois moments clés de l’acte de porter : la cueillette, le portage et l’offrande. Le résultat exhibe les processus de choix, de transformation et de déplacement de la matière, nous invitant à percevoir les empreintes du passage du temps.

Porter nous parle de communauté, d’appartenance, de savoir-faire et d’héritage. Le choix des techniques et des outils empruntés à l’ébénisterie traditionnelle évoque la nostalgie et la résistance au changement. Les pièces de bois tournées et évidées, les objets fabriqués à la main, et les sculptures inspirées d’anciens instruments conçus pour porter des charges rappellent le savoir-faire, le travail et l’énergie nécessaire pour transformer, produire et déplacer la matière. Ainsi, l’exposition met en exergue la manière dont notre relation aux ressources naturelles a façonné, et façonne toujours, le développement de notre identité collective, de nos modes de vie et de nos territoires. 

L’exposition s’inscrit dans la poursuite des recherches de l’artiste concernant l’intégration d’une dimension performative au travail sculptural. Les œuvres, lorsqu’elles sont mises en mouvement et en relation avec les corps et le territoire, se dévoilent autrement, provoquant des réactions qu’il n’aurait pas été possible de susciter par une présentation plus statique et classique en galerie. La curiosité, l’étonnement et l’enthousiasme des personnes rencontrées sont d’ailleurs documentés et participent à l’installation en dialoguant avec les sculptures. Trimbalant ainsi ces objets d’art à la merci des intempéries et des incidents, Emmanuel Guy interfère avec la préciosité et l’unicité qui leur sont habituellement accordées en contexte d’exposition traditionnelle. Par le fait même, il nous invite à percevoir d’abord les potentiels symboliques et poétiques de la matière, ses origines, ainsi que le travail et le savoir-faire nécessaire à sa transformation.

L’exposition Porter est partie prenante d’un cycle de création du même nom qui a fait l’objet de résidences de recherche-création chez Admare et dans le cadre du Symposium Mouvance.


Emmanuel Guy s’intéresse aux origines et aux transformations. Il s'interroge sur l’évolution des lieux et des gens qui y vivent. Territoires, changements sociaux et parcours de vie se télescopent dans son travail, à travers l’organisation de la production matérielle. Inspirées par les rapports complexes au territoire, ses oeuvres abordent souvent l’évolution en portant un regard sur la résistance au changement. Sa démarche artistique est marquée par son travail de professeur à l’Université du Québec à Rimouski et ses recherches sur le changement institutionnel en transport maritime. Pour donner corps à ses interrogations, Emmanuel Guy travaille le bois. Il réalise des installations, des sculptures cinétiques ou participatives de même que des objets portables. Son processus privilégie l’emploi d’outils manuels et de techniques traditionnelles : rabots, égoïnes ou vastringues accompagnent les machines-outils dans son atelier. La matière reste toujours une dimension fondamentale de l’oeuvre.

Pour en savoir plus sur la démarche de l’artiste, ainsi que les cycles de création Fabriquer et Porter, nous vous proposons cette capsule de la Fabrique culturelle : cliquez ici.

Une production d’Atoll | art actuel avec l’appui de la Ville de Victoriaville.